L’Assemblée générale du Syndicat des Cavistes Professionnels s’est réunie le 22 juin 2015 à 14h dans le 6ème bureau de l’Assemblée nationale, rue de l’Université au cœur de la capitale.
Dans ce décorum très cérémonial, la quasi-totalité des représentations de Cavistes de France s’était réunie pour faire un point sur les actions menées en leur nom par le Syndicat des Cavistes professionnels, représenté par son Président Yves Legrand.
Une étape importante …
Des moyens bien utilisés
Débutant la partie statutaire de cette assemblée, Patrice Jérôme, trésorier du SCP, a présenté les résultats de l’exercice 2014. L’exercice montre des finances qui appuient les actions de bon sens et toujours dévouées menées par les Cavistes impliqués dans la défense et la valorisation de leur profession. Rappelons que dès le départ le SCP a souhaité une cotisation délibérément faible destinée à rassembler un maximum de Cavistes,
Sur demande du trésorier, l’assemblée a voté à l’unanimité l’évolution du cadre égal auquel fait référence le SCP pour l’associer à la Loi Waldeck-Rousseau qui régit les syndicats professionnels, plutôt qu’à celle de 1901. Cette modification doit lui permettre, à terme, de pouvoir récupérer la TVA.
Conserver et enrichir une équipe qui gagne
Pour notre jeune syndicat, l’évènement est d’importance puisqu’il s’agissait également de renouveler le CA. Cette évolution est conforme aux statuts signés à la naissance du SCP en février 2011 imposant le renouvellement par moitié de ses membres actifs. La remise en jeu de leur mandat d’administrateurs d’Olivier Reynal et Claude Mendler, collège indépendants d’une part, et d’Eudes Morgan et Dominique Fenouil en tant que représentants du collègue Réseaux organisés de Cavistes d’autre part, implique une réflexion de fond sur le mode de fonctionnement du Conseil d’administration.
Comme le souligne Patrick Jourdain, membre fondateur du SCP dont il est administrateur intervenant au nom du CA, « cette étape est cruciale car l’équipe en place a réussi avec le temps à structurer une vraie dynamique de professionnels compétents et actifs qu’il serait dommage d’amputer ». En parallèle, la montée en puissance de nouveaux acteurs et générations qui contribuent à l’évolution du circuit impose d’intégrer ces énergies. Yves Legrand, président plébiscité du SCP, est revenu sur sa motivation à contribuer par sa fonction à valoriser un métier qui lui est cher, avant d’annoncer sa volonté de continuer dans ce sens en tant que président. Mais son annonce est claire : pour un dernier mandat.
Préparer l’avenir
Le Conseil d’administration propose donc à l’AG d’élargir le nombre d’administrateur du SCP et de lui ajouter 2 nouveaux membres. L’équipe sortante peut ainsi être intégralement renommée et enrichie de 2 nouvelles personnalités qui se sont déjà illustrées par leur implication dans les travaux de commissions thématiques du SCP.
C’est ainsi que Nicolas Tayol-Guyot, DG des Caves Guyot à Lyon, et Jérôme Guilluy, directeur du réseau la Vignery sont proposés, « les 2 présentant les signes d’une vraie dynamique d’entreprises et sont impliqués dans les travaux des commissions thématiques du SCP » comme l’explique Patrick Jourdain.
À l’issue de cette décision entérinant l’assemblée des Cavistes, le nouveau CA a réélu, dans la bonne humeur, Yves Legrand, tout en maintenant les administrateurs en place dans leurs fonctions. C’est par cette décision collégiale qu’a débuté la seconde partie de cette AG, ouverte aux invités et partenaires-privilégiés venus s’associer à la communauté de Cavistes présente.
En effet, au-delà des questions purement statutaires, le travail fourni par les adhérents et responsables du SCP est au cœur de toute l’action du syndicat. Et c’est bien ce travail qui a alimenté la présentation du rapport moral, dense et passionnant.
Des actions cohérentes pour promouvoir et valoriser la profession
Pour débuter, Dominique Fenouil, dirigeant fondateur du repaire de Bacchus, mais également administrateur et président de la Commission Communication du SCP, a rappelé la démarche initiée par le SCP :
« Le 13 mai 2009, un petit groupe de Cavistes eut la bonne idée de se rencontrer…
Comment se faire entendre ? Comment faire entendre nos 5.000 voix, nous qui faisons bien souvent les modes, nous qui sommes au contact de vrais gens, de ceux qui se parlent, qui nous parlent ?
L’idée non pas d’un groupement (il en existe et nous les saluons ici) mais bien d’une institution représentative était alors lancée.
Les femmes et hommes n’avaient plus qu’à l’emmener sur les fonts baptismaux.
Deux ans après, le 17 février 2011 naissait le Syndicat Professionnel et les statuts du SCP étaient écrits. Un syndicat ouvert à tous les cavistes, de la cave à un seul salarié, aux chaînes franchisés et aux chaînes intégrées.
Notre joie fut de recevoir au sein de notre syndicat les plus grands noms, de la F.N.C.I. (Fédération Nationale des Cavistes Indépendants) aux plus « méconnus » des cavistes.
Pour la première fois, notre profession avait une voix. Une voix pour se faire entendre, une possibilité de réflexion commune, une possibilité d’action commune.
Réfléchir, intervenir, interpeller mais aussi être une force de propositions..
Réfléchir aux multiples solutions que posent l’évolution des lois, du commerce.
Intervenir comme nous avons pu le faire en étant écoutés au sujet de la loi Evin, de la Fête de la gastronomie.
Soutenir la qualité par la mise en place de concours.
Soutenir des régions vinicoles par des opérations communes. »…
Des partenariats pour peser
Et pour y parvenir, de nombreuses réflexions et travaux ont été menés en commun, en commençant par celle lancée au plus haut niveau de l’état, grâce aux relations de bonne intelligence menée avec la Fédération Nationale de l’Épicerie, des Cavistes et magasins Bio (FNDECB), membre de droit du CA du SCP et représentée par son président Bernard Regnault ainsi que son délégué général Philippe Pilliot.
Ce dernier rappelle l’actualité brulante et le travail qui a permis de remettre en cause l’ « amendement déposé le 9 juin dernier dans le cadre de la loi Macron. Cet amendement vise à majorer de 30%, dans tous les commerces alimentaires, les salaires des salariés employés le dimanche matin jusqu’à 13h, comme c’est le cas chez un certain nombre de cavistes. Cet amendement a été voté le 10 au soir, malgré une réaction immédiate de la FNDECB, la CGPME, l’UPA soutenus par certains parlementaires… Les 11 et 12 juin, nous avons pris contact avec les cabinets d’Emmanuel Macron et de Carole Delga, mais aussi avec les parlementaires qui avaient signé l’amendement. A notre grande surprise, découvrons qu’aucun n’avait compris que cette majoration de salaire concernerait l’ensemble des commerces alimentaires. »
Un « oubli » qu’Emmanuel Macron s’engage à faire rectifier lors du vote en séance public du 16 juin. « Avec le soutien de la CGPME et de l’UPA, le gouvernement, au moment de sortir son 49.3 a effectivement retiré son amendement pour le remplacer par un autre précisant que seul les commerces de plus de 400 m² seront concernés par la majoration de salaire de 30%. » Cette victoire, relative, illustre la capacité d’intervention des organisations dès lors qu’elles peuvent s’appuyer sur des bases mobilisées. Philippe Pilliot annonçait d’ailleurs dans la foulée le soutien direct de la FNDECB au SCP pour, d’une part, muscler cette base d’adhérents et d’autre part, engager une campagne d’adhésion en fin d’année, trop de Cavistes en effet ne réussissent pas à concrétiser leur nécessaire soutien par une adhésion individuelle, indispensable et citoyenne.
Au-delà d’éléments contribuant à fédérer le circuit (dont cette Lettre d’informations au succès grandissant), les actions du SCP sont également destinées à accroître la visibilité des cavistes : d’ailleurs, ces actions sont appelées à monter en puissance, prévient D. Fenouil. Le prochain opus du Concours du Meilleur Caviste pour 2016, sous les bons hospices du groupe Thienot France et de ses partenaires, apporte ainsi un cadre d’excellence au métier qui peut asseoir son professionnalisme et le faire rayonner. Stéphane Alberti, Caviste d’Or 2014 et présent, atteste de l’importance de ce titre dans le développement de son commerce.
Mener des actions communes, comme la Fête de la Gastronomie, c’est un moyen de souligner la dimension du circuit, riche de plus de 5500 points de vente présents sur tout l’hexagone. C’est l’outil que le SCP va mettre à profit pour jouer à fond la renaissance du Beaujolais nouveau, un évènement qui rythme l’année commerciale des Cavistes. En 2015, grâce à des outils de communication spécifiquement conçus pour les Cavistes professionnels via notamment une campagne de communication de très grande ampleur, cette opération permettre aux consommateurs de fêter la sortie des primeurs grâce aux Beaujolais nouveaux de qualité proposés par les Cavistes. Des primeurs à déguster avec plaisir et convivialité à l’occasion de moments festifs, bienvenus au cœur de l’automne (voir article ci-dessous).
Car le rôle des Cavistes est bien de transmettre à leurs clientèles cette éducation à la dégustation, forcément modérée, à la base d’un art de vivre qui fait rayonner la France à travers le monde. Une vérité que nos parlementaires tendent trop souvent à oublier lorsqu’ils prêtent l’oreille aux discours hygiénistes diabolisant toute consommation d’alcool et infantilisant une population envers laquelle est niée toute maturité et sens des responsabilités. Un cheval de bataille auquel Audrey Bourolleau, la déléguée générale de Vin et Société, consacre toute son énergie. Elle a d’ailleurs remercié chaleureusement les Cavistes professionnels pour leur accompagnement sur ce volet sociétal. « Le guide des cavistes responsables est une belle initiative saluée par les pouvoirs publics, c’est un engagement concret d’information auprès des consommateurs. »
Le Guide des vins et alcools, diffusés par les Cavistes professionnels à leur clientèle, transmet en effet cette culture de la responsabilité. « Pour moi les Cavistes sont de formidables professeurs du vin » souligne Ophélie Neimann qui explique à l’assemblée son plaisir à contribuer à la 2ème édition du Guide. Ce dernier est enrichit de quelques conseils sur l’univers des Vins. Blogueuse du vin et journaliste, la jeune et talentueuse auteure à succès de l’ouvrage « Le vin c’est pas sorcier » (un guide formidable ! » selon D. Fenouil) s’est donnée un objectif : celui de « sensibiliser les débutants amateurs au plaisir de la dégustation et au plaisir du vin, via une pédagogie ludique et décomplexée », la seule permettant « de donner une vision respectueuse du produit, la seule qui promeut une consommation responsable, axée sur le plaisir du goût et non de l’ivresse. »
Prévu en sortie à l’automne, ce nouvel élan donné à la communication des Cavistes professionnels auprès de leurs clientèle sera suivi d’un nouveau site dédié au tout public, aux ambitions fortes : « il proposera des news et anecdotes incontournables du monde du vin, des conseils pour mieux apprécier et profiter de ses vins, une géolocalisation de tous les cavistes professionnels, adhérents au SCP, et enfin quelques vidéos de personnes connues ou inconnues qui parleront de leurs cavistes », détaille N. Tayol-Guyot. L’objectif ? Faire en sorte que le Caviste s’installe progressivement comme LE « référent – vin », une étape importante mais indispensable à réussir, comme le souligne Stéphane Profit. Ce dernier annonce d’ailleurs le lancement de réflexions sur la conception d’un emblème Caviste professionnel, sans doute un accessoire à accrocher à tout vêtement et qui permettra de rendre visible et de valoriser chaque Caviste, que ce soit dans sa boutique ou lors d’évènements professionnels.
En parallèle de ses travaux menés dans le cadre de la commission Communication du SCP, d’autres réflexions plus stratégiques sont menées par la commission Relations fournisseurs et Concurrence. Comme le rappelle Jérôme Guilluy, il s’agit, après avoir défini le Caviste et ce qui le distingue de ses concurrents, de réfléchir à l’évolution des concurrences au circuit mais aussi aux moyens de l’armer d’outils et d’organisations permettant d’y faire face. C’est l’objectif du nouvel Observatoire des prix mis en place au cours du 1er trimestre. Il sera adressé aux Cavistes professionnels qui relèvent les références commercialisées sur des sites internet s’adressant aux clientèles cibles des Cavistes, comme le sont les sites venteprivee.com ou le récent vignerons-indépendants.com, bien que proposant des modèles différents.
Cette démarche d’intelligence économique anime le cœur du SCP, au travers du club Vino Semper, outil de financement principal des différents travaux menés pour le compte du SCP. Eudes Morgan, qui préside le Club, rappelle la nécessité du financement des actions du SCP, expliquant le sens donné à la mise en place de ce club : Vino Semper rassemble des fournisseurs, soutiens au développement des Cavistes (voir article ci-dessous) et qui participent ainsi à la réflexion intellectuelle et stratégique sur le métier. Grâce à ce dispositif, qui s’articule autour de la société d’études et Intelligence économiques Equonoxe, les différentes missions utiles à la structuration et au développement du circuit par le SCP peuvent être mises en œuvre. Lien vers site Arc International.
On le voit, beaucoup de chantiers sont ouverts, avec pour principal moyen l’énergie des hommes et femmes qui s’y attèlent. C’est le message du Président Yves Legrand qui rappelle que « Ce syndicat puise sa force dans ce qui parait aujourd’hui une originalité : l’humain. En effet, l’acte d’achat se réalise avec un contact « humain », « physique » dans chacune de nos boutiques de proximité, quelle que soit sa forme juridique : indépendant, franchisé intégré… ».
À l’issue d’un discours particulièrement apprécié, il remercie chaleureusement M. André Santini, qui en tant que parlementaire. C’est en effet grâce à lui que se sont ouvertes les portes de cette maison du peuple aux Cavistes. C’est donc par lui que s’est clôturée cette assemblée générale, au travers de mots justes et résumant les enjeux auxquels sont confrontés les Cavistes : « le vin est politique. Comme le disait l’auteur et critique américaine Alice Feiring, le vin est politisé, sinon pourquoi y aurait-il tant de querelles autour de quelque chose de si merveilleux ? ». De sa conception jusqu’à sa commercialisation, il procède de multiples choix, qui impliquent des décisions politique : qu’il s’agisse du type d’agriculture mis en œuvre à la vigne, ou du prix de vente final de la bouteille, en passant par le choix de l’étiquette et du circuit de distribution. » et de conclure avec l’humour et la finesse qui caractérisent son intervention : « Mes chers amis, faîtes comme moi, n’hésitez pas à boire du génie… mais bien entendu avec modération, pour éviter la « grosse tête » !
Une invitation transformée à l’occasion d’un verre de l’amitié servi au 8ème étage de l’Assemblée, derrière les fenêtres donnant sur les balcons du restaurant des parlementaires. Sans nul doute, un écrin digne des flacons offerts pour l’occasion par nos partenaires-privilégiés.
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