Après la réunion des deux Salons VinoVision et ViniSud en 2019, c’est au tour de Vinexpo de s’associer à eux pour proposer en 2020 un vrai grand rendez-vous professionnel représentatif de toute la viticulture française, à Paris.
Un enjeu de taille pour résister à la montée en pression des productions du Nouveau Monde et de l’influence grandissante des nouveaux marchés, une tendance qui va de pair avec le succès du salon allemand Prowein.
Message aux nombreux cavistes qui vont visiter le Salon. Nous y serons aussi en tant qu’exposants avec un stand du Syndicat des Cavistes Professionnels (SCP) et un stand de la Fédération des Cavistes Indépendants (FCI). Nous y accueillerons notamment les délégations des cavistes étrangers. Venez nous y retrouver ou souffler un peu entre collègues. Retrouvez nous aussi lors de la conférence organisée le lundi 10 après midi.
Un rendez-vous exceptionnel pour le vignoble français
Il était temps en effet stimuler le rayonnement des vins français.
Rappelons en effet que le vignoble français ne représente que 10,6% des 7,4 millions d’hectares de vignes mondiaux et 16,5% de la production mondiale estimée entre 258 et 267 Mhl pour 2019.
« En face » une consommation mondiale considérée comme quasi-stabilisée à 246 millions d’hectolitres (chiffres OIV). Donc un marché globalement à l’équilibre tenté par des concurrences basées sur les prix … si le vin perdait de son statut culturel pour se résumer à un produit de consommation classique.
Des cartes rebattues même en Europe
L’Europe (des 28) représenterait en 2019 moins de 60% des volumes produits et la France près de 28% de la production européenne, avec 42,2 Mhl estimés pour 2019 (sources Agreste).
Mais depuis les années 2000, le poids du vignoble français recule, régulièrement (-7% par rapport à la moyenne quinquennale), un décrochage que partagent les voisins et néanmoins concurrents espagnols et italiens, tandis que les encore faibles productions hongroises, roumaines et autrichiennes, voire géorgiennes, progressent à 2 chiffres durant la même période.
En renouvelant leur approche du vin et de leur appareil de production, ces nouveaux acteurs revendiquent aussi une identité culturelle historique avec la civilisation du vin, née dans le croissant fertile.
Les comportements de consommation évoluent dans de nombreux marchés
La montée en puissance des différentes nouvelles puissances viticoles potentielles est aspirée par l’ouverture de marchés de plus en plus intéressés par la découverte du vin et dont les comportements de consommation sont en cours de modifications profondes.
C’est le cas des pays d’Europe centrale, de l’Est et du Nord, le gigantesque marché allemand faisant pivot (voir carte, sources données OMS).
La comparaison établie entre les types d’alcools préférées par pays entre 1990 et 2015 illustre le basculement progressif des consommations d’alcools forts des pays de l’Est vers des alcools moins forts ainsi que la diffusion du vin dans les pays scandinaves et d’Europe centrale.
La géographie des consommateurs complique les choses pour les producteurs français qui, ne sachant plus où donner de la tête, obnubilés par le grand export, peinent à exploiter correctement les nouveaux marchés européens qui se développent au Nord et à l’Est du continent.
Le plus gros consommateur de vin européen est portugais ?
L’évolution entre 1995 et 2017 des quantités consommées par habitants (chiffres OIV) dans chaque pays révèle à quel point les usages ont changé ces vingt dernières années et ce notamment dans les pays producteurs traditionnels de vin.
Selon les chiffres de l’OIV, en France, l’évolution des modes de vie combinée aux campagnes de modération ont réduit de 30,9% les consommations moyennes de vins sur les 25 dernières années, avec 50,8 litres par jour en 2017 soit un verre de 14cl par jour et par personne, touristes compris. Une forte diminution des consommations moyennes observable également au Luxembourg, qui arrivait régulièrement en tête des plus gros buveurs moyens de vins par habitant selon les chiffres officiels OIV avec encore 54 l de vin par habitant par an en moyenne en 2017 malgré un recul de 23,4% depuis 2000 (contre -25,4% pour l’hexagone sur la même période).
Mais ils ont été dépassés sur ce point par les portugais qui, 3èmes plus gros consommateurs de vins par habitants en 1995, seraient devenus les premiers en Europe en 2017 avec 58,8 l par an et par habitants. Ces chiffres comprennent la consommation des touristes, nombreux ces dernières années à se rendre dans le pays. Mais même ce regain de consommateurs n’enraye pas la baisse de consommation importante perceptible également au Portugal (-16,9% depuis 1995).
Un repli régulier observable également chez nos voisins italiens (-38,4% sur la même période) ainsi qu’en Espagne (-41,3%). Si les consommations moyennes italiennes retrouvent en 2017 avec 44,4l par an par habitant (12 cl par jour) un niveau supérieur à 2013, l’érosion depuis 2015 a été aussi très forte. Et avec 26,5 l de vin consommé par an et par personne dans la péninsule ibérique, les espagnols consomment ainsi des quantités moitié moindres (soit 7 cl par jour) que celles observées dans l’hexagone.
Le repli de ces consommations de vins moyennes s’accompagne également parfois de reports des consommations vers d’autres catégories si l’on en croit la carte des alcools majoritairement consommés par pays et surtout l’évolution de ces préférences de 1990 à 2015 selon l’OMS : car si les sociétés française, italienne (dont les relativement faibles consommations d’alcool moyennes sont composées à 69,8% de vins ) et portugaise restent principalement adeptes de la dive bouteille, les espagnols, qui étaient majoritairement consommateurs de vins en 1995, auraient quant à eux transféré une partie de ces consommations vers la bière forte.
Des cultures viniques tentées par les bières de caractère
En Roumanie, pays également producteur de vin lui-même, les bières fortes seraient devenues les boissons alcoolisées préférées, sur fond là encore de consommations moyennes de vins par habitants en fort recul (-26,7% de 1995 à 2017) avec 24,8 l de vin par habitant et par an en 2017.
Un 3ème groupe de pays parmi ceux dont les consommations de vins par habitant ont reculé depuis 1995 réunit les suisses et les autrichiens. Gros consommateurs (37 et 32,2 l de vins per capita en 2017 selon l’OIV), ils auraient également réduit leur consommation de respectivement 21 et 6,8% la réorientant dans le même temps vers des vins plus légers ou des bières fortes.
Le cœur de l’UE reste solide
Si l’on en croit les données OIV, les consommateurs des pays qui font le cœur de l’Europe institutionnelle (Belgique / Pays-Bas / Allemagne) auxquels par ironie du sort on rajouterait la Grande-Bretagne, partageraient des positions communes vis-à-vis de nos univers: stabilisation des consommations de vins par habitants depuis le début du (XXIème) siècle, des consommations par habitants par ailleurs relativement comparables (1 verre de 9 à 12 cl de vin par jour en moyenne) et un allègement des consommations principales d’alcool en général des bières fortes vers les bières plus légères.
Bien que traditionnellement moins amatrice de vins, la petite et très européenne Lettonie connait des oscillations très fortes de ses importations de vins, réexportées pour la plupart vers ses voisines et les stations baltiques du grand voisin russe rendant le calcul de ces consommations par habitants fragiles.
Dans le Nord et à l’Est, des cultures qui s’ouvrent à la découverte
Si les pays producteurs de traditions viticoles latines réduisent leur consommation moyenne, les pays du Nord et de l’Est de l’Europe réduisent quant à eux leur consommation d’alcools forts et s’ouvrent au vin.
Avec là encore, beaucoup de diversité :
Dans les pays scandinaves, la consommation de vin par habitant progresse au point que le vin serait devenu l’alcool préféré des suédois et des danois (et représenterait 38,1% et 47% de leur consommation totale d’alcool par habitant), détrônant la bière forte, à contre-courant des tendances relevées en Roumanie et Espagne. Au point d’atteindre, dans le cas des suèdois, des niveaux de consommation de vins par habitant comparables aux pays latins.
En Norvège (en l’occurrence, des petits consommateurs d’alcool moyens) et en Finlande (nettement plus gros consommateurs d’alcool dans l’absolu), les fortes progressions des consommations moyennes de vin par habitants constatées à la fin du XXème siècle plafonnent depuis les années 2010 dans un contexte général de consommation d’alcools en repli (après des décennies de fortes progressions).
En Europe centrale et en Europe de l’Est, la consommation de vins par habitants progresse depuis la fin du XXème siècle, sur fond de transfert de consommations très alcoolisées vers les bières et donc le vin.
De la diplomatie culturelle des cavistes, acteurs de la formation au vin et à la consommation culturelle de qualité
Toutes ces évolutions de fond devraient profiter au rayonnement du vignoble français. Ce qui dépend cependant de la capacité des metteurs en marché locaux à diffuser une véritable formation aux bons usages et bons comportements en matière de consommation du vin et qu’ils puissent promouvoir de façon volontariste des vins de qualité et qui ne se résument pas à un positionnement-prix et à une déclinaison de goûts plus ou moins formatés.
C’est bien une autre image du vin qui doit être portée par les vins de France à l’exportation. Et c’est bien ce qui rend les cavistes des clés essentielles à ces développements.
Raisonner en termes d’excellence, de responsabilisation, de plaisirs, d’expériences sensorielles qui remettent le goût et les ivresses de l’âme au cœur de cette culture, ce sont les tendances de consommation qui portent les cavistes, définis comme des commerçants spécialisés.
Le savoir-faire de nos 5800 cavistes de France (chiffres 2019) confrontés à un marché national traditionnel lui-même en pleine mutation, sera bienvenu pour échanger avec nos collègues des autres pays sur les différentes façons de pratiquer le métier et surtout sur ce que nous partageons tous : la passion du Vin.
Des rendez-vous cavistes au programme officiel de Wine Paris
Présence, rare, de tous les vignobles français, rencontre avec les cavistes étrangers, conférence commune sur les évolutions perceptibles chez les cavistes des différents pays présents, concrétisation de ces rencontres via la création prochaine d’une fédération européenne des cavistes, de nombreuses surprises et temps forts sont prévus pour rythmer l’agenda des cavistes du 10 au 12 février prochain.