Ouf, Il a réagi à temps : il n’y aura pas de Dry January !
En tout cas, pas en mobilisant les moyens gouvernementaux.
La déclaration du président Macron qui retire le soutien officiel du gouvernement au mois sans alcool prévu en début d’année prochaine, a soulagé toute la filière, les cavistes particulièrement qui se sentent de plus en plus diabolisés par les services de l’Etat voire considérés comme de vulgaires dealers.
L’exaspération des cavistes monte, en effet, au fil des décisions des agents de la force publique qui, pris dans une sorte de surenchère sécuritaire, bloquent l’activité des cavistes au moindre risque plus ou moins avéré.
Le dernier événement a eu lieu à l’occasion d’Halloween (encore un événement importé des anglo-saxons) : en Indre-et-Loire, la préfète avait souhaité prévenir tout risque de débordement en imposant la fermeture des établissements de vente d’alcools à emporter le soir du 30 octobre à partir de 17h… sans pour autant vérifier que la grande distribution ou les commerces généralistes n’appliquent les choses, les policiers se limitant aux cavistes, plus facilement identifiables … et pourtant les moins concernés. Même réflexe sécuritaire dans le Morbihan où les cavistes n’ont pu rouvrir que le lendemain à 12h…
Une réponse politique en demi-teinte
Interpellé par le président du Syndicat des Cavistes Professionnels (SCP) sur le sujet, la réponse du Premier Ministre a été correcte… mais confirme la difficulté de notre position (voir courriers).
Correcte, parce qu’au moins il a accusé réception de notre indignation et que nous avons pu ainsi le sensibiliser à un vrai sujet, celui du risque d’amalgamer tous les acteurs qui vendent de l’alcool. Il confie ainsi à ceux qui sont chargés d’y réfléchir le soin d’en tenir compte.
Décevante parce que ceux vers lesquels ils nous renvoient, c’est la Commission Interministérielle mise en place au sein de son propre ministère … c’est-à-dire la Mildeca (Mission Interministérielle de Lutte contre les addictions)….
Donc dans le schéma gouvernemental actuel : caviste = alcools = drogue = problème d’addictions = mauvais…
Et de revenir à la case départ. Mais en s’étant faite entendre. Et il faut continuer !
Rappelons que la Mildeca est chargée elle-aussi d’une grande réforme, celle de refondre tous les codes du commerce qui réglementent la vente d’alcool en France. et restons positifs et pragmatiques : c’est dans ce cadre qu’il faut faire reconnaître un statut à part aux cavistes en tant que commerces spécialisés.
Et cela dépend de notre capacité à nous faire entendre, donc à la mobilisation des cavistes au sein du SCP ! (rejoignez nous dès à présent pour peser sur ce sujet … et sur tous les autres).
Mais quelles énergies sont consacrées à cette lutte ! Une véritable croisade qui créent des camps au sein de la population française qui s’opposent sur des bases au moins aussi irrationnelles que celles du moyen-âge, à coups de croyances, de certitudes d’idéologies …
Pour ceux qui prêchent le contrôle strict des comportements individuels, la France semble une terre de combat particulièrement importante, si l’on en croit les restrictions et communications de prévention qui se sont accumulées contre l’alcool par rapport aux autres pays (voir graphique ci-dessous).
Il est temps en effet de prendre un peu de hauteur sur ce sujet et de se rendre compte que le petit village gaulois ne fait qu’exacerber des sujets de société qui, ailleurs, se règlent de façon moins conflictuelle.
L’absurdité de la chose, c’est de constater l’usage abusif qui est fait de la rationalité scientifique par les tenants d’un obscurantisme qui se saisissent, quand cela les arrange, de résultats de recherches que l’évolution des connaissances peut tout aussi bien remettre en cause ou dépasser dans les décennies qui viennent …
Parions d’ailleurs que les formidables travaux en cours qui découvrent la complexité systémique du symbiote intestinal augurent sans doute des révélations qui pourraient ne plus correspondre aux interdits brandis par les allopathes férus de preuves statiques et donc condamnées à devenir obsolètes.
Et de remettre l’église au centre du village grâce à ces découvertes encore balbutiantes qui soulignent déjà l’impact négatif sur l’immunité des personnes de la perte de diversité génétique dans les aliments et qui dénoncera bientôt les conséquences des usages excessifs des molécules chimiques sur la capacité systemique naturelle des corps à trouver en eux les ressources pour se défendre contre les attaques virales et autres.
Querelle de chercheurs ?
Aux croisés anti-alcools qui s’appuient sur des études scientifiques très laborantines, arcboutées sur des argumentaires qui se veulent cartésiens et donc irréfutables, les partisans de l’alcool « culturel » opposent les travaux des sciences humaines et sociales, considérées comme sciences « molles » par les premiers (en opposition aux sciences dites « dures ») et donc méprisées … mais pourtant beaucoup plus profondes et anciennes.
Ce que les réflexions philosophiques, historiques, géographiques, sociologiques, économiques, littéraires, etc ont apporté à l’évolution de l’espèce, son évolution en tant que civilisation humaniste, n’est plus à démontrer. Et remonte à des Temps dans lesquels, déjà, le vin, et l’alcool d’ailleurs, jouaient un rôle civilisationnel aujourd’hui démontré (voir article Sciences et Avenir).
Bien sûr que l’alcool, au niveau cellulaire, est une combinaison active d’éléments chimiques qui fait réagir le corps, que c’est un poison. C’est même pour s’en défendre qu’au cours de son évolution l’espèce humaine a vu sa génétique muter. Selon le généticien Matthew Carrigan, du Santa Fe College (Gainesville, États-Unis) : « Il y a dix millions d’années, une mutation est survenue chez l’ancêtre africain des humains et des grands singes. Elle lui a permis de métaboliser l’éthanol — ou alcool éthylique— quarante fois plus rapidement ! »
Une démarche reposant sur l’apprentissage … une éducation que nous continuons de promouvoir. Personne ne conseillera à quiconque de consommer de l’alcool sans cette éducation nécessaire. D’ailleurs, la nature étant bien faite, le goût même des boissons alcoolisées en détourne les palais non éduqués, trop jeunes ou insuffisamment formés pour y prendre du plaisir. Surtout que : « … l’ingestion d’éthanol a bien des avantages : elle ralentit le métabolisme, facilite la digestion et favorise le stockage des graisses .. ».
La vraie sagesse scientifique, c’est le Doute.
Selon l’article de Sciences et Avenir publié en 2017, l’espèce humaine a très bien su apprendre sur ce sujet, depuis les fruits fermentés, l’hydromel, puis la vigne il y a deux millions d’années, même si sa domestication a été beaucoup plus récente, l’agriculture ayant permis d’abord aux hommes de produire une boisson proche de la bière. Au point même que :
« Si les hommes ont domestiqué les céréales, c’est peut-être d’abord pour faire une soupe épaisse de bière nutritive et euphorisante, plus facile à fabriquer que du pain ! »osent Patrick McGovern et Robert Dudley. Ce serait donc pour trinquer ensemble que les hommes se seraient sédentarisés puis organisés en société !?
Les recherches décrites dans ce fameux article évoquent même grandement le rôle supposé des consommations d’alcool dans le cadre très ritualisé des cérémonies et du Sacré. Et ce dans des spiritualités très antérieures à l’Ancien testament :
« Communiquer avec les dieux ou les ancêtres implique presque toujours l’usage d’une boisson alcoolisée, que ce soit le vin de l’eucharistie, la bière offerte à la déesse sumérienne Ninkasi, le “grog” viking ou l’élixir des tribus amazoniennes ou africaines. » Elles ont aussi servi à traiter la douleur et les infections. « Ce lubrifiant social, ce stimulant qui altère la pensée » comme le qualifie le spécialiste (Patrick McGovern) aurait aussi et surtout participé à la création, à la musique et aux arts. »
Si aux temps préhistoriques, « nos ancêtres auraient notamment recherché très tôt ses effets sur l’humeur, ce qui aurait favorisé leur caractère aventureux. », « Au fil des siècles, l’alcool aurait ainsi joué un rôle majeur, allant peut-être jusqu’à participer à l’invention de l’écriture et la fondation des villes ! » osent supposer les chercheurs, à contre-courant de nos moralistes hygiénistes.
Les Lumières du vin (et des alcools traditionnels) !
Le rôle de l’alcool dans le développement culturel de nos sociétés est donc avéré et ce dans la durée. « Selon l’archéologue Elisa Guerra Doce, spécialiste de l’ébriété dans les périodes préhistoriques à l’université de Valladolid (Espagne), les boissons alcoolisées n’ont pas eu qu’une fonction hédoniste. « Les plantes psychoactives et les boissons alcoolisées avaient aussi un rôle sacré. … la consommation de produits psychoactifs pouvait être socialement contrôlée en Eurasie préhistorique. »
Le monde du vin n’a pas cessé d’entretenir ces relations avec le divin, même si les siècles, les religions et les sociétés passant, la sécularisation des esprits s’est aussi affranchie de toutes formes mystiques.
C’est ce cheminement long, précieux, profond qui a nourri l’évolution de l’espèce qui rendrait presque finalement assez cocasses, ou alors carrément irresponsables, les argumentaires plus dogmatiques que réellement censés des anti-alcools qui cherchent à nous couper de ces racines identitaires extrêmement fortes, voire essentielles.
Surtout que selon d’autres chercheurs, la pratique du Binge Drinking aurait reculé déjà de 25% en Europe entre 2005 et 2016 (Rapport de l‘International Alliance for Responsible Drinking – IARD). Alors quel est le but : précipiter l’espèce humaine dans le transhumanisme et nous déconnectant de notre humanisme de civilisation ?
Un univers qui favorise les échanges, les rencontres, les savoirs
Le Vin accompagne les évolutions de sociétés. Et en est un marqueur fort. Il faut prendre de la distance pour s’en rendre compte.
A l’occasion de Wine Paris, toute la viticulture française va se réunir, ainsi que les producteurs de différents pays voisins. Leur objectif à tous : rencontrer les acheteurs.
Or, le paysage des consommateurs de vins change. Si la modernité du vin est restée intacte malgré les siècles, même si ses usages évoluent, c’est parce que les vignerons ont su s’adapter, tout en conservant ce qui fait la force des grands vins, l’honnêteté du Terroir transcendé par l’intervention de l’Homme.
Les cavistes sont en première ligne pour saisir ces nouvelles attentes en dénichant le cru ou le vigneron qui saura séduire les palais des consommateurs, de plus en plus urbains, éloignés des vignobles. Un savoir-faire qui dépasse le simple rôle d’intermédiaire commerçant au détail. Cette problématique est partagée par tous les commerçants spécialisés, qui sont tenus de comprendre ce qui évolue dans leur marché.
Mieux vaut tard que jamais, nous savons bien que la période est très chargée pour vous et vous souhaitons d’accueillir de très nombreux clients pour célébrer les fêtes de fin d’année. Et nous espérons que vous pourrez parcourir cette dernière Lettre d’informations des cavistes de l’année, car les actualités ne manquent pas.
Au sommaire :
A l’occasion de Wine Paris, les cavistes de pays différents seront réunis et nous pourrons ainsi confronter les points de vue et intervenir ensemble à l’occasion d’événements Cavistes à ne pas louper (voir article).
Plus que jamais, le Caviste devient un acteur influent auprès des consommateurs et qui doit faire la différence par rapport aux autres distributeurs de vins et alcools.
Une dimension que le Concours du Meilleur Caviste de France va continuer de valoriser. La prochaine édition aura lieu en 2020. Voici le programme des festivités prévues pour 2020.
Côté politique et social, c’est un véritable serpent de mer qui va prochainement modifier quelques habitudes profondément ancrées dans les rouages institutionnels de notre beau pays. La refonte des organisations de branche et des conventions collectives va avoir des conséquences concrètes et directes pour les cavistes. Nous revoyons les tenants et aboutissants de tous ces mécanismes certes complexes mais néanmoins fondamentaux pour que les cavistes puissent à l’avenir correctement piloter leur stratégie d’entreprises avec une gestion saine et durable des relations avec les collaborateur(rice)s, au coeur de notre développement. Sur tous ces sujets, le Syndicat des cavistes Professionnels est mobilisé pour concevoir les bonnes stratégies (voir article).
Pragmatiques, à l’écoute, le Monde du vin est, contrairement aux scientistes, ouvert. Spirituellement ouvert. Et continue de propager la bonne nouvelle ( : C’est la teneur du très joli objet littéraire publié par Bruno Quenioux, caviste parisien et pur parmi les purs, qui donne aux profanes les clés pour aborder la dégustation en toute intimité … et c’est renversant ! Le genre d’ouvrage à vendre chez tous les cavistes pour susciter les conversions (voir présentation).
C’est Yves Legrand qui, par sa chronique d’humeur viticole, fait la conclusion de cette Lettre d’informations de cavistes. Car qui mieux que notre président d’honneur pour remettre les cavistes face à leur réalité : celle de héros, visionnaires et méconnus.
Bonne lecture de cette publication hivernale, et bonnes fêtes de fin d’année à vous et à vos clients !
Pour adhérez au Syndicat des Cavistes Professionnels,