Concours du meilleur Caviste de France 2018 : le bilan

Il y a un mois maintenant, Cyril Coniglio était désigné meilleur Caviste de France 2018, à l’issue d’une finale de très très haut niveau.

Rappelons que c’est le parrain de l’édition 2018 lui-même, François-Xavier Demaison, qui lui a remis son prix, lors d’une cérémonie qui laissera des grands souvenirs à tous ceux qui ont pu y participer.

Une soirée émouvante, à l’image du président Yves Legrand, accompagné de son très impliqué vice-président, Patrick Jourdain, et des nouvelles  générations de champions qui progressivement se saisissent de ce magnifique outil de valorisation de la profession.
Vous pouvez vivre ou revivre cette formidable journée de finale grâce à la vidéo ci-joint.

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Le succès du Concours nait en effet de la convergence de talents venus d’horizons diverses et qui pendant des mois, depuis maintenant des années, mettent leur énergie en commun pour construire cette très belle opération.

Remercions à nouveau les équipes mobilisées par le partenaire Thienot Bordeaux Champagne dont l’organisation exemplaire permet à ce finalement «jeune » Concours de rayonner déjà autant.

Les finalistes avec FX Demaison (2)

La soirée conviviale et festive qui a conclu cette aventure a permis, s’il le fallait, de confirmer la dimension humaine qui unit tous les protagonistes, chacun prévoyant de poursuivre les rencontres débutées lors de moments aussi forts.

Un concours qui fait déjà référence

Le Concours du meilleur Caviste de France permet aujourd’hui de faire reconnaître le professionnalisme des cavistes et de faire rayonner ce circuit composé de belles personnalités, souvent discrètes, chaleureuses, riches de connaissance et de générosité.

Et clairement, de l’avis unanime de tous ces participants, le Concours est un évènement qui marque : « il y a un Avant et un Après », rappelait Stéphane Alberti, premier caviste d’Or puisque récompensé en 2014. Étrennant le costume de champion qu’il a commencé à façonner à son image, il en a découvert les multiples pouvoirs et avantages.

Des retours d’expériences comparables de la part de Philippe Schlick, le champion 2016 qui a aussi constaté la force de frappe que lui a permis le titre sur le plan personnel, apportant en retour sa notoriété grandissante à la profession via son implication en tant que juré dans les concours suivants.

« Pour faire rêver, il faut se tenir sur les hauteurs » (Y Legrand)

Les finalistes du Concours 2018 ont dû réussir des épreuves de très hauts niveaux, comme le reconnait et l’assume tout à fait le président Legrand qui défend cette mission de « montrer la voie de l’excellence du métier de caviste, qui ne doit jamais se commettre à un niveau de GD ».

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Difficiles, concèdent aussi P Jourdain et S Alberti, tous deux en première ligne lorsqu’il a fallu concevoir ces épreuves et les questionnaires associés, mais tout à fait conformes au niveau élevé des finalistes (dont 5 sur les 8 avaient déjà participé à une finale en 2016 voire 2014).

«En plus, rappelle P Jourdain malicieusement,  certaines questions figuraient déjà dans les précédentes épreuves. Les candidats avaient pourtant accès aux corrigés, donc aucune excuse pour celles-ci ».

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La leçon sera donc bien entendue puisque le Concours est aussi un outil de professionnalisation du métier. Le meilleur Caviste de France se doit d’être au top en termes de connaissances et d’actualités.

Les sources d’inspiration sont accessibles à tous, il suffit de se tenir informés des actualités via les revues professionnelles que tout caviste se doit de consulter régulièrement sinon c’est qu’il/elle s’expose rapidement à stagner et à perdre ce statut d’expert qui fait la qualité du métier.

« Il faut se rendre compte que le meilleur Caviste de France s’expose, et c’est vérifié et vécu, à recevoir la visite de clients qui viennent parfois de loin  font des détours pour vous rencontrer, des clients hyper pointus, et face aux questions desquels vous vous devez d’être au niveau. Sinon, on passe pour des guignols, et si le meilleur Caviste de France n’est pas à la hauteur, c’est la profession en général qui perd de son prestige », explique Stéphane Alberti.

Des champions ambassadeurs de la profession

Une vraie responsabilité donc, pour les champions, qui certes bénéficient de nombreuses ouvertures et aura profitables (notamment en termes de chiffre d’affaires). Mais endossent aussi quelques responsabilités envers la profession, en tant qu’ambassadeurs, de phares.

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Le titre de meilleur Caviste de France ne doit en effet pas être conçu comme une finalité, mais plutôt comme une étape qui permet ensuite de commencer une nouvelle vie. C’est un formidable tremplin qui exige d’être constamment rappelé et mis en avant. Le talent de Philippe Faure-Brac, ou de Olivier Poussier, c’est d’avoir su se saisir des ouvertures que leur avaient facilité leurs titres de meilleurs Sommeliers pour ensuite se créer des réputations personnelles, ces notoriétés tirant vers le haut, a posteriori, le titre, et bénéficiant ainsi aux nouvelles générations qui peuvent ainsi compter sur cet effet d’ascenseur.

Un modèle vertueux, profitable et surtout passionnant à vivre comme le comprend aujourd’hui celui qui, aujourd’hui, représente l’excellence du métier !

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Cyril Coniglio, un champion toujours sur les starting blocks

Cyril, cela fait maintenant un peu plus d’un mois que tu as gagné le Concours du meilleur Caviste de France 2018. Comment tu as vécu toute cette période ?

Très bien. Même si dans les jours, et même les semaines, qui ont suivi, cela a été dur de réaliser vraiment. Il faut dire que nous n’avons pas eu vraiment le temps de nous rendre compte : déjà, depuis l’été, l’activité était soutenue et puis après, entre les nombreuses sollicitations, les journalistes, les félicitations des clients, etc… En fait, c’est seulement le jeudi férié, celui du 1er novembre, alors que nous avions fermé le magasin, là, le fait de casser le rythme et de sortir de cette agitation très intense, ça m’a permis de faire le point. J’ai revu le film de cette fameuse journée. Réalisé enfin.

Voir la vidéo de la finale, pour vivre ou revivre cette journée

Comment se sont passés les premiers temps ?

Sur le plan personnel, nous avons plutôt bien géré les choses. Il faut dire que familialement on sait un peu comment gérer la pression des concours (Laetitia, l’épouse de Cyril, est devenue sa collaboratrice dans la cave depuis 2015, l’a soutenu et accompagné déjà en 2016 et elle a elle-même disputé le concours en 2018, tandis qu’Enzo, le fils ainé de Cyril et Laetitia, a décroché en 2017 le titre régional  du concours un des meilleurs Apprentis de France en hôtellerie-restauration) et puis nous avions déjà eu l’expérience du caviste d’Argent en 2016. Donc on a su gérer les choses et partager le succès.

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Vous avez constaté des changements au niveau de votre clientèle depuis le titre ?

Oui c’est sûr. Alors déjà, du fait même que nous avions déménagé la cave en juin et que nous passons depuis dans une configuration beaucoup plus grande qui, du coup, attire de nouvelles clientèles. Mais aussi ces dernières semaines il y a plein de gens qui sont venus parce qu’ils ont lu un article ou entendu un reportage sur le Concours. Des gens qui viennent de plus loin aussi.

Quoi de neuf depuis le 15 octobre dans la boutique ?

Quelque part, on était déjà extrêmement concentrés car notre année était de toute façon programmée comme intense. Pendant qu’on travaillait pour préparer le Concours, nous avons aussi fait le déménagement de notre boutique, ce qui a permis de passer de 80 à 250 m² et facilite du coup l’accueil de ces nouveaux visiteurs et de l’extension de notre gamme.

On avait en effet vu ce qu’avait apporté déjà le titre de Caviste d’Argent (obtenu en 2016) donc c’est sûr qu’avec Laetitia on avait bien muri les tenants et aboutissants.

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Du coup, depuis le Concours, j’ai rentré de nouvelles références, des vraies pépites, pour pouvoir répondre aux nouvelles demandes formulées par les clients qui viennent visiter le meilleur Caviste de France. Ils s’attendent à trouver des produits vraiment haut de gamme et rares.

Dans le même temps, j’ai reçu beaucoup de cadeaux de la part des fournisseurs. Et pas seulement de la part des sponsors. Le titre ouvre le champ des possibles, ce qu’il va falloir bien orienter. Je suis aussi du coup très sollicité y compris par les vignerons de ma région.

Nous sommes situés dans l’aire d’appellation de Crozes-Hermitage et des vignerons vont proposer au Syndicat d’appellation de soutenir l’image de ces vins à l’étranger, de leur faire bénéficier ainsi de cette image de meilleur caviste de France. Un projet encore à construire mais qui pourrait aussi démontrer très concrètement aux producteurs l’importance du rôle du caviste. Un projet encore à construire mais qui pourrait aussi démontrer très concrètement aux producteurs l’importance du rôle du caviste.

Avec le recul maintenant, comment tu as vécu toute cette période d’épreuves ?

Avec beaucoup, de travail, de concentration et de préparations, notamment mentale. Déjà avec le retour d’expérience de l’édition 2016, que Philippe (Schlick, caviste d’Or 2016 et maintenant membre du jury) a gagné car il était très concentré et moralement complètement dans le sujet. Alors que moi j’étais sans doute moins dedans. Là, pour 2018, j’ai vraiment travaillé en amont sur la gestion du stress. Même avec un ostéopathe qui m’a « décoincé » la boite crânienne, et heureusement qu’il l’a fait. En effet, entre le stress du déménagement et la préparation du concours, j’étais vraiment tendu cet été. D’ailleurs, ça se voit très nettement sur la vidéo du client mystère, j’étais même un peu « ours » du coup.

Maintenant que la pression est un peu retombée, comment conçois-tu ce qu’implique le titre de meilleur Caviste de France ?

Après avoir vécu ce genre de moments, on se sent forcément très investi. Beaucoup plus en fait. Il y a une vraie envie, voire une forme d’obligation morale, de m’engager davantage pour faire rayonner la profession. Dans la limite de mes disponibilités aussi bien sûr (sourire).

Déjà, à partir de janvier, je prévois de rappeler clairement à tous mes fournisseurs la nécessité qu’ils respectent les règles de cohérences commerciales et tarifaires qui sont nécessaires aux cavistes pour pouvoir jouer sereinement leur rôle d’intermédiaire et d’ambassadeur. Maintenant que mon titre me donne cette visibilité et du coup cette nouvelle force, je voudrais faire bien respecter ce type d’évidences, à mon niveau mais aussi de façon plus large, pour améliorer les relations entre les cavistes et leurs fournisseurs.

Pour conclure, qu’est-ce que tu aimerais transmettre de cette expérience aux autres cavistes ?

Déjà les inciter à participer au concours. On y apprend énormément. C’est vraiment ce que je retiendrai de toute cette aventure. Ces connaissances acquises et du coup bien assimilées. Même si on perd, on apprend tellement de ces erreurs. Quand on se rend compte qu’on a eu faux, le fait d’aller chercher la bonne réponse, et bien, au moins, on retient et ça marque. Un grand bravo à Patrick Jourdain d’avoir pensé à reposer quelques questions à la finale parmi celles qui avaient déjà été posées lors des épreuves précédentes, c’était une excellente idée.

Et puis je voudrais vraiment que les cavistes indépendants comprennent tout l’intérêt qu’ils/elles peuvent avoir à y participer. J’ai regretté les commentaires destructeurs des cavistes critiquant la forte représentation des cavistes Nicolas dans la liste des demi-finalistes. Au moins tous ces cavistes ont progressé. C’est trop facile de se réfugier derrière l’argument du « pas le temps » car le concours ne fait que confirmer le travail fait au quotidien dans nos boutiques. 

Rhône Magnum, la nouvelle cave

Dans la vie, il faut aller de l’avant plutôt que râler et critiquer ceux qui bougent.

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