Le gouvernement français a généralisé à l’ensemble du territoire métropolitain le dispositif de couvre-feu commençant à 18 heures depuis le 14 janvier. La mesure concernait déjà 25 départements de l’Est du pays depuis parfois le début de l’année.
Les autorités justifient leur décision par le constat établi pour les quinze premiers départements placés en couvre-feu : il aurait permis de freiner la progression du nombre de cas positifs au covid dans ces départements, de l’ordre de « deux à trois fois inférieure aux autres départements métropolitains ».
« Tous les lieux, commerces ou service recevant du public » sont donc contraints à la fermeture et les français invités à s’organiser pour rentrer chez eux avant 18h « sauf les exceptions liées aux missions de service public ».
Les seules autres dérogations font l’objet de justificatifs à présenter en cas de contrôle.
Le couvre-feu généralisé ouvre une nouvelle séquence dans le feuilleton qui semble interminable de la crise sanitaire qui dure maintenant depuis neuf mois et qui use les espoirs, les finances, les hommes (et femmes bien sûr), les énergies … Il implique là encore de s’y adapter et de trouver la bonne formule pour répondre à la réorganisation générale des clients et à leurs nouveaux rythmes de vie.
Difficile pour les cavistes.
Difficile car le moral de la population est au plus bas, alors que c’est l’Envie et le plaisir de vivre qui sont les ingrédients principaux justifiant l’achat des produits vendus dans nos boutiques.
Difficile car en temps normal, chez les cavistes, les dernières heures de la journée sont les plus importantes en termes de flux de clients.
En effet, contrairement à la déclaration malheureuse du Ministre des TPE sur radio J (voir ci-contre), c’est l’exact contraire que révèle une rapide enquête auprès des cavistes professionnels du groupe de discussion facebook réservé aux membres du Syndicat des Cavistes Professionnels (SCP) : ce sont les heures les plus dynamiques de la journée pour tous les cavistes qui se sont exprimés. Et pour beaucoup d’entre eux, les ventes réalisées après 18h dépassent très souvent les 50% du CA de la journée.
Alors le couvre-feu pour les commerces cavistes vont s’avérer beaucoup plus impactant que ce qu’en pensaient les autorités ! Une réalité que le SCP a d’ores et déjà porté à la connaissance de Bercy et qui, nous l’espérons contribuera à limiter la durée de ce nouveau confinement partiel prévu initialement pour « au moins 15 jours ».
Se réorganiser grâce à la livraison à domicile
Si les ERP sont fermés, la livraison reste possible. C’est pour certains cavistes un moyen de se réorganiser pour répondre à des demandes de clients qui eux aussi évidemment subissent ces nouvelles contraintes.
Comment trouver du temps pour faire ses courses ou autres démarches alors que la journée de travail elle-même se trouve raccourcie pour une charge de travail qui continue de s’alourdir (merci le télétravail) ainsi que les obligations de productivité ?
La livraison au domicile depuis mars dernier a changé de statut : d’un service à la personne à l’image un peu désuète destiné essentiellement aux personnes âgées, à l’uberisation du service permettant aux feignasses de rester sur leur canapé en se faisant servir par un boy sous payé, la livraison par le commerçant répond en ce début 2021 à un véritable besoin lié aux modes de vie des personnes actives ; lelle permet d’optimiser budget et temps en fonction des contraintes temporelles imposées par le contexte sanitaire.
Le livreur devient donc un référent sérieux et soucieux de respecter les règles sanitaires, qui rassure et sécurise.
Une restriction à la livraison qui entrave à nouveau l’activité des cavistes
En Seine-Saint-Denis, le préfet a décidé par arrêté d’interdire toute livraison d’alcool après 18h, autorisant par contre cette des autres catégorie de produits.
La désignation à nouveau de l’alcool comme menace à l’ordre public est un mauvais signal adressé à la société car il masque la dimension culturelle positive de son usage de façon éduquée, modérée et responsable, légitimant ainsi les attaques moralistes et les interdits spirituels (Voir Article Alcool, un bouc émissaire bien pratique).
La confiance qui s’établit par ce service ouvre aux cavistes la porte du domicile et donc d’une intimité avec son client qu’il connait déjà sous cet angle car le conseil en matière de vin est déjà une forme de relation à l’intimité.
Ces relations resteront sans doute après la crise (si un jour il y aura vraiment un Après).
Le monde change décidément, en profondeur.
