Il est encore temps de vous souhaiter une EXCELLENTE ANNÉE 2017 : une santé et des finances prospères, des projets nombreux, l’amour de vos proches et de vos amis, et la pleine réussite dans tout ce que vous entreprendrez. Voilà l’essentiel pour démarrer 2017.
Nouvelle année, nouveaux chantiers.
Il va falloir vraiment se retrousser les manches en 2017 pour défendre et développer l’activité des cavistes, potentiellement très exposés aux soubresauts qui vont accompagner l’installation du nouveau monde. C’est l’objet de cet édito résolument futuriste.
Les difficultés de court-terme tendent en effet à masquer ce qui se profile au loin.
Laisser du temps au temps
La récolte 2016 aura été synonyme d’accidents climatiques : gelées tardives, grêles, inondations, sécheresses … La récolte 2016 serait inférieure de 7 % à la moyenne quinquennale, selon Agreste, le Service statistique du ministère de l’Agriculture. Les stocks sont ric-rac dans de nombreuses régions…
Pour maintenir l’image et la visibilité des signatures et appellations les plus touchées auprès des clientèles, il va falloir que chacun veille à bien maintenir les relations prix et qualité et à renforcer les partenariats durables pour soutenir celles et ceux qui vont en avoir besoin. Ces qualités relationnelles sont au coeur de la démarche des cavistes.
Les trésoreries vont donc être mises à rudes épreuves et les cavistes, qui peinent déjà à respecter les délais réglementaires, vont avoir du mal à porter celles de leurs vignerons partenaires. Il va falloir que chacun fasse au mieux et soit à l’écoute de ses partenaires de long terme. Et que la loi n’handicape pas les opérateurs dans ces moments difficiles.
Pour des professions aussi sensibles aux saisonnalités, le facteur ‘temps’ est essentiel. La pression de la concurrence étant ce qu’elle est, la valorisation de l’activité des cavistes est insuffisante pour financer les immobilisations nécessaires et les trésoreries ne sont parfois pas suffisantes à certaines périodes de l’année. Et les délais de paiement réglementaires actuels ne sont souvent pas suffisants. En 2017, le SCP va travailler à les faire allonger.
Ce sujet mérite coopération entre l’amont et l’aval. C’est le sens du message que le SCP va porter auprès de la filière en ce début d’année (à lire dans notre premier article).
Il faut aujourd’hui sur ce sujet comme sur d’autres voir au-delà du petit bout de la lorgnette et s’organiser pour ne pas subir des évolutions prévisibles. C’est le travail de fond que nous menons au sein du Syndicat des Cavistes Professionnels (SCP). Pour contribuer et soutenir ces actions, rejoignez-nous dès à présent : formulaire d’adhésion 2017
L’Intelligence artificielle bientôt au pouvoir ?
Alors que les tenants des vieux pouvoirs des anciens et nouveau monde se disputent les leaderships militaires et culturels, quitte à balayer les traditionnels axes Est/Ouest ou Nord/Sud et à en faire payer le prix fort aux populations, se dessinent la future carte des pouvoirs. Demain, c’est l’Intelligence artificielle qui va en redessiner les contours, et sur ces points l’ancien monde est peu armé et surtout peu conscient des enjeux. Le réveil sera difficile alertait le chirurgien-urologue et néanmoins transhumaniste Laurent Alexandre reçu au Sénat français cette semaine, avec le risque déjà prévisible que « face aux plate-formistes américains ou asiatiques, la France, et même l’Europe, ne seront plus que le Zimbabwe du monde ».
Cet avenir incertain angoisse nos jeunes et ils (elles) sont nombreux(se) à se réfugier dans des imaginaires plus ou moins catastrophistes, sur fond de survivants chargés de reconstruire le monde d’après … Aidons ces jeunes générations et formons-les pour qu’au lieu de subir ils puissent orienter et contrôler l’évolution des algorithmes et de leurs usages C’est l’enjeu majeur pour tout notre société.
Comme celui d’aujourd’hui, le caviste de demain sera lui aussi équipé des bonnes antennes pour écouter sa clientèle et répondre au mieux aux besoins et envie des consommateurs qu’il aura contribué à « initier à la dive bouteille ». C’est le rôle du SCP (Syndicat des Cavistes professionnels) de lui donner des clés de compréhension et des fédérations patronales de branche de mettre à disposition des outils de formation professionnels adaptés. Ce grand chantier a été ouvert en décembre : centres de formation, écoles du vin, interprofessions concernées et organismes de branches spécialisés en matière de formation ont massivement répondu présent à l’invitation que leur en avait fait la Commission formation du SCP, voir une synthese de ces échanges dans notre article.
Et le vin dans tout ça ?
En effet, et au delà des compétences techniques qui exigent d’investir en savoir-faire (« la complémentarité du travail« ), les sociétés civiles ne pourront garder le contrôle que si elles s’y préparent et se projettent dans des futurs réalistes : différentes formes artistiques participent à l’émergence et au partage de visions collectives. A nous de nourrir ces imaginaires de tout ce qu’il y a de bon et positif des histoires et cultures de chacun pour que nos identités humaines et humanistes restent au cœur des choses. Et le monde du vin a largement de quoi nourrir ces visions d’avenir.
Ainsi, dans le film Her, l’américain Spike Jonze propose une société que l’on peut trouver très déconnectée des conditions de production des biens primaires et industriels, mais qui pose la question de la relation avec cette nouvelle race constituée de toutes les Intelligences Artificielles individuelles. C’est la question de l’émotion, de l’intimité et de l’amour qui redevient centrale ; le message est tendre et plutôt rassurant.
Or, de la réalité à la fiction, l’écart s’atténue si on en croit les objectifs actuels de Amazon pour son IA Alexa (vous savez, le perroquet qui demande comment accompagner ses gateaux secs à l’IA par téléphone ? Un pinot noir répond la voix) : « La manière dont Alexa reconnait et réagit aux émotions de l’être humain sera un enjeu clé du pôle de recherche et développement d’Amazon » qui « songe également à utiliser des techniques de probabilités pour qu’Alexa fournisse de meilleures réponses aux requêtes les plus ambiguës qu’elle ne comprendrait pas forcément à coup sûr ». À noter que l’IA utilise déjà les données des utilisateurs pour définir leurs préférences de recherche. Ce sont les milliards d’utilisateurs des réseaux sociaux americains ou asiatiques associés qui confèrent à ces entreprises pionnières de l’IA une avance quasi impossible à rattraper. Le géant chinois Alibaba s’engouffrant aussi dans cette voie, c’est sûr, ça y est, on y va dans ce monde, c’est pour demain …
Mais tant qu’il restera de l’humanité, il restera de l’amour et les mythes du vin resteront associés à toute société civilisée.
C’est l’indice glissé en début et fin de l’excellent film Premier contact de Denis Villeneuve (ce film traite de la bonne communication à adopter face à des extraterrestres plutôt terrifiants et débarqués par vaisseaux entiers) dans une mise en scène teintée de nostalgie et de confiance : la bouteille de vin et les deux verres symbolisent le bonheur, l’intimité amoureuse, le partage des grandes aventures de la Vie.
Et les cavistes dans tout ça ?
Alors certes, dans 15 ans DES voitures rouleront sans chauffeur, des livraisons se feront par drones et les maisons connectées permettront à des majordomes intégrés de manager des batteries de robots intelligents qui géreront températures, luminosités, musique d’ambiance, remplissage du frigo et autres préparations des menus.
Mais en quoi ces conforts supplémentaires empêcheraient la survivance des circuits courts pour produire nos aliments et biens de consommation quotidienne, qui transiteraient par des circuits de distribution hyper qualitatifs et personnalisés ? Qu’est-ce qui empêchera les consommateurs de demain de faire des achats en ligne, aidés en cela par leur IA domestique, et de fréquenter aussi des lieux d’exposition et d’achat ? Il faut bien admettre que Consommer est déjà le loisir principal de nombreux citadins, ou pas, qui, justement, pour quitter un peu leurs écrans de télévisions, passent leur temps libre à se balader dans les zones commerciales…
Les cavistes qui ouvrent aujourd’hui ont déjà conscience du fait qu’ils doivent offrir à leurs clients des expériences pour susciter ces « fréquentations de loisirs » : à chaque caviste sa propre formule pour valoriser la richesse sensorielle de son univers, par exemple en proposant des associations visuelles, olfactives, sonores, et/ou gustatives à ses clientèles…? Hier, la richesse des cavistes était due à l’adaptation de leur sélection aux habitudes de consommation des populations locales (du côté de Montpellier, les paniers étaient composés de beaucoup plus de vins du Languedoc qu’ailleurs, donc moins élevés, alors que les cavistes vendent nettement plus de Champagne à Paris, des bulles dans le Nord, des Bordeaux dans la façade Ouest, etc) ; demain c’est toujours leur capacité d’adaptation à leur zone de chalandise qui fera leur succès, en apportant au vin le service qui en fait la valeur : sa mise en en scène et les bons conseils pour que ces futurs consommateurs profitent d’un vrai bon moment conforme à ce qu’il(elle)s souhaitent.
Et quoi de plus classe que de cultiver sa propre différence, de valoriser la qualité, la rareté, la naturalité, la complexité, l’intelligence … ?
Quoi qu’en pensent les court termistes moralisateurs de l’Anpaa, le vin reste en cela magique et intemporel … tant qu’il résiste aux sirènes de toute standardisation, un combat de tous les jours qui revient aux cavistes.
Le vin ne se limite à une liste d’ingrédients et de procédures techniques … C’est ce qui fera du caviste un métier d’avenir, celui qui apportera à ses clientèles THE expérience. Les mangas japonais, très avant gardistes en tout point, ne s’y sont pas trompés.
Le collectif pour éviter le chaos
L’union fait la force et permet d’être entendus et d’investir ensemble dans les outils et communications qui vous seront utiles. Avec le SCP, nous créons aujourd’hui des nouvelles formes d’organisation collective et privilégions les actions fédératrices aux appels à la division. C’est le message d’unité d’Yves Legrand, président du SCP et les vœux qu’il adresse à la profession, des vœux qu’il projete également dans ce basculement du monde. S’associer les uns aux autres non seulement n’emprisonne pas, mais c’est au contraire une stratégie délibérément positive et enthousiasmante, tout à fait d’actualité justement et qui fait des émules… y compris hors de nos frontières, si l’on en croit le récent intérêt de la toute nouvelle association de cavistes russes soucieuse de connaître nos actions et modes de fonctionnement.
Comment connecter les cavistes à la multiplication des réseaux, notamment virtuels, qui demain vont répondre aux besoins et envies de nos concitoyen(ne)s ? En accompagnant dès aujourd’hui toutes les initiatives qui favorisent la mise en réseau et la fidélisation des personnes physiques. La consigne a été un de ces moyens, l’est-elle encore ? Rien n’est moins sûr selon l’analyse des réponses des cavistes interrogés en 2016 et début 2017.
Terminons par un état des lieux de la profession en 2016 : grâce à nos partenaires Vino Semper, la profession peut s’appuyer sur un observatoire économique permettant de suivre concrètement l’évolution de la profession. Et en 2016, le parc des cavistes croissait toujours …
Vos remarques et commentaires sont les bienvenus, ou si vous avez des difficultés à retrouver vos identifiants et codes d’accès : scp@cavistesprofessionnels.fr
Et retrouvez nous lors de l'Assemblée Générale qui aura lieu le lundi matin 24 avril. Prévoyez d'arriver la veille pour visite du vignoble et accueil par l'association des producteurs.