L’année 2020 devait être l’année des cavistes. Elle l’aura été, finalement, même si nous ne pouvions pas imaginer que ce la se passerait ainsi.
Le monde d’avant se meurt, en apothéose. Cette crise, qui s’éternise, sent la fin de cycle, au sens civilisationnel du terme. Elle nous contraint à faire le tri dans nos comportements et habitudes pour conserver ce qui sera vraiment nécessaire afin de continuer notre route.
Dans Marianne, Natacha Polony rend hommage au philosophe Jacques Puisais qui vient juste de disparaitre. Elle y rappelle à quel point justement les métiers du goût sont riches d’une spiritualité laïque qui doit rester leur phare : ils sont liés au Temps qui passe et ils concernent la personne, l’individu dans son entier ; car le goût se déploie à travers les cinq sens « et non simplement dans l’analyse du sucré, du salé, de l’acide et de l’amer. Devant un morceau de pain, tous les sens sont engagés. Mais il faut détruire ce pain pour qu’il s’offre. Il faut lui « donner de son temps », selon l’expression du maître, pour percevoir ce qu’il a à raconter, et qui va forger dans la mémoire du goûteur un « vécu », une expérience unique. Tel est le drame de ceux qui n’ont connu que des produits industriels, qui n’ont rien à raconter : n’ayant pas en eux cette accumulation de vécus, ils ne savent pas percevoir. »
Au delà de ces décès accélérés par la maladie, la période est en effet hyper périlleuse, il faut rester vigilant pour réussir à avancer quand même, contraints d’avancer par la tempête qui s’annonce, avançant sur un fil, prudemment mais résolument, pour éviter si possible le gouffre mortel qui s’ouvre d’un côté et l’impasse qui se rapproche à toute vitesse de l’autre … (merci, cavistes, de participer massivement à la cinquième enquête CGAD afin de connaître la situation économique et sociale des entreprises du secteur – ces infos sont nécessaires pour pouvoir défendre nos entreprises – cliquer pour participer)
La transition est néanmoins brutale pour ceux qui n’avaient pas voulu entendre les signes avant-coureurs ou qui jusqu’ici refusaient l’inéluctable, les incertitudes et les angoisses échauffent du coup assez facilement les esprits .
OK boomers !
Dans le monde du vin aussi, le nouveau monde s’exprime pour signifier, parfois un peu brutalement aussi, son rejet de l’ancien, de ses castes et de ses acquis qu’il pensait indéfectibles et qui se voulait indétrônables.
En 40 ans, la société a en effet bien changé et il est temps de concrétiser ce changement de monde.
Mais la transition est violence aussi, dans les mots et les émotions. L’époque est minée. Un pas de trop à droite, le gouffre est profond et les hyènes sont à l’affût, une glissade ou une goutte de trop et la foule est prête à lyncher.
Il ne fait pas bon être en responsabilité en ce moment … et le cheminement est semé d’embuches pour espérer sortir de ces temps troublés.
Se raccrocher aux branches, du mieux qu’on peut.
Car il est aussi difficile de se projeter quand les comportements et les humeurs sont aussi versatiles et que chaque semaine, chaque jour même, nos perceptions de l’activité changent, remisant les certitudes des jours précédents au placard.
C’est pour ça qu’il faut regarder DEVANT !
Les cavistes en première ligne auprès des consommateurs
La survie de beaucoup de commerces est en jeu ; les marges de manœuvre sont étroites et il va falloir garder beaucoup de sang froid pour tenir bon sans se casser la figure jusqu’à la fin de l’année.
L’année a été en effet mauvaise pour la plupart des cavistes ; cela aurait pu être pire, certes, mais les aides de l’état ne suffiront pas à compenser les pertes. Le PGE est un moyen de tenir mais qui ne compensera pas cette sensation de gâchis, une économie sous perfusion créé des dégâts psychiques avec des conséquences en cascade.
Néanmoins, le positionnement des cavistes n’a jamais été aussi solide. Car du fait de la fermeture administrative des confrères restaurateurs, marché important et qui impacte énormément de nombreux cavistes, le commerce physique spécialisé et de proximité est le seul circuit de distribution en capacité aujourd’hui de soutenir ses partenaires vignerons et de les représenter auprès des consommateurs,
L’équilibre est donc précaire, sur tous les sujets. Mais il va falloir faire avec.
Et pour avancer sur le fil fragile de ce changement d’époque, vaut mieux donc relever la tête et en effet regarder devant afin de se préparer à ce qui pourrait arriver encore.
Car le monde change et, comme prévu, très vite ; la covid nous a révélé que nous sommes aussi fragiles et concernés par les crises de grande ampleur. Donc autant avoir une bonne lecture de ce qui se passe pour bien s’y préparer. En sociologie on parle de signaux faibles, ceux qui, bien que discrets, accompagnent les changements d’époque.
2020, l’électrochoc
Les résultats inattendus du Concours du meilleur Caviste de France sont à ce titre un véritable séisme.
Le succès irréfutable de l’enseigne La Vignery est exceptionnel : ses représentants se sont hissés en effet simultanément aux 1er et 2ème places de ce Concours, dont le podium était jusqu’ici trusté par les indépendants.
Cette double victoire remet à jour les clivages anciens et ouvre à des nouvelles réalités qu’il va falloir digérer et prendre en compte.
Quelles sont les premières retombées pour les différents champions ? Qu’en est il un mois après ? C’est l’objet de notre article, car c’est dans la durée que tout prend de la valeur : leur titre est véritablement un booster de projets.
D’autres grosses mutations se seront aussi produites pour les cavistes en 2021.
La crise de la covid sera sans doute synonyme du véritable changement d’époque, moins grave cependant que ne le fut la 1ère guerre mondiale qui, pour les historiens, marqua le passage du 19ème s’achevant par la révolution industrielle, au XXème siècle.
Or, une crise est un terrain d’expérimentation fécond et l’adaptation aux conséquences sociales et économiques de la pandémie engendre aussi de nombreuses innovations.
Certes des traditions se retrouvent sur le bord de la route, la fermeture provisoire des restaurants et des bars minent le moral et les finances de leurs entreprises et des français auxquels ils manquent cruellement, les salons et manifestations viticoles ont dû être reportés, mêmes les ventes des hospices de Beaune sont en suspens…
Mais la vie continuant, des nouvelles attitudes et habitudes sont prises et le digital en devient l’outil principal … à condition que la technologie ne dépasse pas son inventeur, problématique là encore vieille comme le monde. Et ce que les cavistes ont déployé comme stratégies d’adaptation en 2021 est pertinent et subsistera. En cela la période de crise est effectivement aussi un accélérateur d’innovations ce que nous prenons le temps de constater dans notre article.
Envie d’avoir envie
Car, oui, la vie continue.
Nous arrivions à une impasse, et déplorions que Futilité et Instantanéité soient devenues les mamelles de la fainéantise intellectuelle ambiante qui, plus que tout, sabordait les bases de nos cultures.
Alors, certes, le Vin, nous ne cessions de le revendiquer, reste un phare qui rappelle aux âmes échouées comme la complexité est un Art, plaisant, qui oriente et donne du fond aux choses.
Et bien il semblerait effectivement que les cavistes, acteurs de la contemporanéité de cette belle culture, ont su répondre, à l’occasion de la sortie du Beaujolais nouveau, à ceux qui parmi leurs clients partagent ce sens des valeurs. Revue des différentes initiatives recensées ces dernières semaines chez les cavistes dans notre article, qui démontrent, là encore, la vigueur du métier, le sens de l’entrepreneuriat qui caractérise les commerçants cavistes, et la créativité qu’ils savent mobiliser pour tenir bon.
Et qui leur permet d’impulser une dynamique positive entièrement grâce à leur envie d’avancer, malgré tout.
A partager sans modération !
Et comme il n’y pas de véritables progrès qui ne s’appuie sur une véritable conscience de ses origines et sans un regard historique, c’est au président d’honneur Yves Legrand de conclure cette Lettre d’Informations des Cavistes d’hiver 2020. INFANTILISER ou MAITRISER, faites le Choix ! Une nouvelle Chronique d’humeur viticole et présidentielle, faisant le lien entre les générations et les époques pour rappeler ce qui doit rester essentiel pour les cavistes du XXIème siècle et les suivants.
Et de rappeler à quel point le Syndicat des Cavistes Professionnels a permis aux cavistes de ne pas perdre pied et de piloter tous ces retournements sans trop s’y perdre.
Une chronique qui renvoie à la chaleur des foyers et à la nécessité de penser collectif. C’est bien sur ce qui unit ceux qui agissent au sein du SCP pour que le Métier de CAVISTE puisse faire face aux difficultés actuelles et se préparer aux échéances à venir.
Nous vous relayons donc les vœux amicaux et solidaires des présidents des associations de cavistes italiens AEPI & Vinarius (de g à d Francesco BONFIO & Andrea TERRANEO) :
« Recevez notre espoir et notre souhait en cette fin d’année tragique que nous puissions rester solides dans nos convictions, confiants en une sortie de crise et conscients que nous saurons nous adapter avec notre intelligence et notre expérience. Vive le plus beau métier du monde. »
Adieu Vin-Vin, année certes importante et de transition pour les cavistes … mais que l’on aurait tous préféré plus douce. Et vivement 2021 !
Le mot de la fin revient à Patrick JOURDAIN, président du Syndicat des Cavistes professionnels (SCP) :
« Je vous souhaite une très bonne fin d’année en espérant un rush dévastateur dans vos boutiques, que les consommateurs auront envie de se faire plaisir avec des produits de qualité vendus dans nos commerces traditionnels et que vous leur apportiez de quoi savourer un moment de bonheur en ces temps difficiles.
Et pour vous , vos proches et tous les gens qui vous sont chers, la SANTE ce qui est primordiale…alors positivons (pas le covid) mais notre bien être ! »
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