Le monde du vin a tout à y gagner !
Un pari bien ambitieux : celui de lier des sujets a priori très éloignés. Réconcilier sensation et raison d’une part, relation directe et monde virtuel d’autre part. Il le faudra pourtant bien, car au nom du principe de réalité, il n’y aura d’avenir que si on parvient à concilier société numérique et humanité.
Le monde du vin ne serait-il pas une clé gagnante pour y parvenir ?
Toute société humaine repose sur la rencontre et l’échange
Les cavistes sont des commerçants. Or, le terme commercer a très longtemps signifié ‘s’entretenir avec quelqu’un, discuter, avoir des relations verbales’ … qui pouvaient même, entre un homme et une femme donner lieu à des ambiguïtés que la morale prude pouvait combattre. Or, comme le rappelle notre président Yves Legrand, , « Commercer avec d’autres personnes, c’est avoir des liens commerciaux, réaliser des échanges de biens ou d’argent avec elles ».
Rencontre et partage nourrissent l’intelligence collective
Nos Assemblées générales assurent un vrai rôle social : au-delà de la dimension très formelle et protocolaire ce sont des moments de retrouvailles et rencontres fondamentales pour la cohésion de nos associations et représentations sociales. Voir sur le site du SCP le compte-rendu complet de celle du SCP qui s’est déroulé le 24 avril dernier dans les crus bourgeois .
Donc, commercer, c’est favoriser la rencontre et l’échange. Or, que ce soit dans les marchés, au lavoir ou au cours de Banquets (Platon) ou dans les Salons de ces dames de la Cour du Siècle des Lumières la rencontre et l’échange de mots et d’idées nourrissent ce qui est déjà ou deviendra une intelligence collective… Du commerce découle donc la Culture, c’est-à-dire un ensemble de valeurs partagées et des connaissances communes qui nourrissent une vision partagée de la société, de son déroulé, de son avenir possible, …
Notre futur sera numérique …
Comme la roue a permis la révolution agraire, l’imprimerie la révolution scientifique, la machine à explosion la révolution industrielle, nous vivons une révolution numérique qui est en train de redessiner techniquement notre monde, nos usages, nos habitudes, nos besoins…
Notre société est en phase de digestion de ces évolutions et il est temps que les acteurs politiques s’emparent de cette réalité afin d’éviter que ce soit la technique qui dépossède l’humain de ce qui lui est propre.
Le fantasme de l’Intelligence artificielle qui prendrait les commandes nourrit les scénarios de sciences fiction et détourne l’attention des réalités contemporaines et inégalités de ce monde qui, elles, sabordent ce qui fait sens et cohésion.
Christian Gatard, sociologue prospectiviste qui parcourt le monde à la recherche des nouvelles tendances « universalisables », décrivait très récemment l’état d’esprit de toutes jeunes femmes rencontrées dans différents milieux et sociétés visités de par le monde, réunies par un socle profondément culturel, celui d’être lettrées et, par conséquent, connectées à ce monde numérique.
Et ce qu’il en dégage, c’est un enthousiasme qui fait chaud au cœur, puisé dans des racines qui rend ces femmes fortes et profondément modernes.
Et c’est là que la culture du vin reste intemporellement forte et porteuse de cette énergie qui ne peut que lui faire rencontrer ces enthousiasmes jeunes et de partout dans le monde.
« Il n’y a pas de lois de la modernité, il n’y a que des traits de la modernité » (Jean Baudrillard)
« La modernité, dans son sens le plus usuel (son étymologie provient du mot grec « modos (modos )» qui signifie « aujourd’hui ») semble désigner une société qui se réfléchit comme telle, se pense en terme de métamorphose et qui adopte, en conséquence, une vie articulée sur le changement et l’innovation (Innovation et modernisation sont donc bien des concepts différents).
A l’ère de la productivité, de la croissance démographique et de la concentration urbaine, la modernité est devenue une pratique sociale qui implique un changement de morale. Toute la vision du monde et du temps s’en trouve complètement bouleversée. Ne dit-on pas « autre temps, autre monde » ?
Cette réflexion est tirée d’un blog (http://moderniter.canalblog.com/archives/2012/02/23/23592225.html) qui traite du rôle de Facebook sur la révolution tunisienne …
Mais si la vision du monde a changé, il n’empêche que l’homme a toujours besoin de repères.
Pour l’auteur des lignes ci-dessus, les repères proviennent de l’image que diffusent les artistes, capables d’exprimer un imaginaire à venir.
Qu’il soit utopique ou réaliste, l’avenir le dira, mais le fait est qu’en le représentant, il prend forme dans les esprits avant d’atterrir via des réalités qui se créent jour après jour.
Or, ce que les artistes expriment à partir de leurs esprits féconds et créatifs, le digital lui donne une consistance collective. Les réseaux sociaux parlent avant tout du Moi de chacun. L’intimité de ce qui est exprimé par voie digitale ne fait plus aucun doute : des sentiments simples » ou des expressions inconscientes du Moi. Il suffit de suivre la multiplication des photographies personnelles de ceux qui révèlent ainsi à la collectivité leurs propres relations à eux-mêmes et à leurs proches.
Les réseaux sociaux transmettent aussi des SENTIMENTS : d’amour comme de haine, qui se déversent sur ces forums en ligne favorisant l’exutoire de sentiments extrêmes et très humains. Des milliards de milliards de sentiments personnels qui font corps et deviennent un Tout … La puissance et l’intensité de ces informations qui transitent par les réseaux sociaux, grâce à la révolution numérique, transforme des purs flux énergétiques d’informations entre les êtres en véritables faits sociaux moteurs du changement et de modernité.
Les réseaux sociaux racontent et relaient des aventures, créent la magie. Au-delà de leur rôle concret d’outil de communication, de leur dimension technique, ils réussissent à fédérer les communautés physiques, en transmettant des informations qui participent à la création d’une culture commune, c’est –à-dire qu’elles parviennent à recréer des communautés humaines qui ont du sens et ce alors qu’elles sont dégagées de la relation de nécessité liée au Commerce originel.
Comme d’autres spiritualités avant elles, en rendant collectif des visions du monde qui peuvent être acceptées et reprises, prendre corps en tant que telles car reconnues comme réelles, les réseaux sociaux concentrent des personnes réunies dans un même but, avec les mêmes pensées intenses, et finalement créé des égrégores, qui se constituent, se développent, s’amplifient et deviennent actifs.
L’imagination au pouvoir
Ces flux d’informations interviennent déjà sur nos vies physiques : la diffusion d’informations non officielles voire non maitrisées, qui alimentent réputations, opinions publiques, rumeurs ou révélant des réalités que d’autres voulaient cacher, sont déjà des moyens de pression publique.
Sortant de son rôle de pur vecteur d’informations, l’outil digital devient structurant : il induit des conséquences physiques, matérielles et tangibles : eh oui, lorsque vous likez un post, ou que vous commentez en 120 caractères ou que surtout les commentaires des autres abreuvent votre temps de cerveau plus ou moins en forme disponible, il influence les votes, appelle à manifester, génère des achats, donc transforme en actes des idées circulantes. Il permet donc d’agir sur le monde.
Et c’est la société marchande et consumériste qui lui confère ce rôle politique.
La révolution numérique valorise l’Intelligence
Le pragmatisme des GAFA (Google-Apple-Facebook-Amazon) et des marchés financiers ne s‘y trompe pas en attribuant des valeurs réelles à ces outils. Cette valorisation s’appuie sur quatre critères : la taille du réseau / la force de sa multitude (économie de la contribution au réseau et donc vigueur de son énergie interne) / la nature des données disponibles / ses caractéristiques disruptives, c’est-à-dire ses aptitudes à susciter des innovations de rupture «par opposition à l’innovation incrémentale, qui se contente d’optimiser l’existant “, (Jean-Marie Dru).
Ils consacrent ainsi une économie de l’Intelligence, Intelligence qui repose sur des efficacités émotionnelles permettant de transformer en Actes collectifs des sentiments individuels.
Pour permettre à l’Intelligence de se ressourcer
L’Intelligence, ce n’est pas juste des connaissances. Selon les philosophes, l’intelligence est la faculté d’établir des rapports, de comprendre, de résoudre des problèmes, d’adapter des moyens à des fins. C’est la fonction mentale d’organisation du réel en pensées, la faculté mentale qui, confrontée à une difficulté, est capable de concevoir une solution, de l’inventer, d’utiliser des détours pour parvenir à ses fins. C’est la force des solutions testées par la multitude qui simultanément crée et teste les solutions à un problème donné.
L’intelligence s’oppose ainsi à l’automatisme, à l’habitude, à une manière de procéder à l’aveuglette, à l’instinct, qui soit d’origine pulsionnel ou issu d’un « savoir-faire spécifique, inné, immuable, aveugle, ordonné à la conservation de l’espèce ou de l’individu.”
Et ce que nous démontre cette nouvelle économie, c’est que cette énergie se nourrit de stimuli profondément humains : qu’est ce qui est au cœur de cette énergie de la multitude ? des humains, vous, moi, nous, ici ou à l’autre côté de la planète, ponctuellement ou en mode addict, chacun avec sa personnalité, sa particularité, son énergie propre, …
Le Plaisir nourrit l’Intelligence
Toute cette économie qui est progressivement en train d’organiser notre futur, elle dépend de nos Envies de débattre et de faire part de ses émotions et de l’exprimer, du Plaisir que l’on a d’échanger, d’être en relation avec les autres, de réfléchir à plusieurs de confronter ces idées à celles des autres pour les enrichir, …
Ces énergies, elles ne peuvent continuer de se développer que si elles sont libres de le faire.
C’est bien cela que décrivent les scenarios pessimistes autoritaires : un xième scenario de fin du monde car privé de sa force vitale, celle des individualités qui la compose … Mais le pire n’est jamais sûr et l’évolution est pavée de scenarios catastrophistes non réalisés !
La révolution numérique, prolongement des civilisations du Vin ?
Car la Révolution numérique n’annonce peut-être pas de sociétés totalitaires ? Pourquoi ne s’inscrirait-elle finalement plutôt dans le prolongement des courants humanistes et d’émancipations individuelles portées par ce qui a fait la valeur de ces civilisations méditerranéennes antiques voire proto antiques.
Pourquoi ne pas considérer que la multitude d’individus qui s’expriment et se mettent en relation les uns les autres par le digital sont finalement les descendants de ces civilisations qui, ethnologiquement, avaient choisi le débat et la culture comme moyen de s’organiser ? En s’appuyant sur un produit simultanément transgressif et source de cohésion, l’alcool, et notamment le vin. Car ce produit mythique participe à la structuration spirituelle du groupe. Il permet d’identifier les « esprits forts », ceux qui sont capables de dompter le produit et de maitriser leurs propres pulsions. Il permet aussi de détecter les « esprits faibles », des critères chers aux médecins d’Avicenne et qui permettent la sélection des représentants et guides …
Internet valorise les bons communicants, ceux qui savent associer la forme aux fonds, comme le faisaient les tribuns devant des agoras aujourd’hui virtuelles mais démultipliées …
Rien de tel qu’un bon apéro pour stimuler les énergies
Non pas de faire du Vin un produit universel, chaque culture est en train de s’approprier l’outil numérique en fonction de ses propres habitudes culturelles de consommation, …
Mais le drame de la solitude actuelle le démontre, une telle énergie a besoin de contacts directs et physiques pour se renouveler, de ces moments de détente partagée « en vrai » …
C’est pour ça que l’apéro dinatoire devient tellement tendance (voir article à ce sujet dans cette Lettre d’Informations) … Et quoi de mieux que de trinquer ensemble, réellement, avec des vrais produits que l’on recherche de plus en plus authentiques, sains, justes, transcendants, à l’image de ce que recherchent ces jeunes femmes du monde entier, à la fois fortes de leur racines et résolument modernes !
Bonnes vacances à ceux qui le peuvent et bon été à tous !
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